GBL ou la nouvelle drogue à la mode

Publié le par hertold29

GBL : l'émergence d'une nouvelle drogue

Plusieurs personnes hospitalisées à Montpellier, l'ex-lofteuse Loana qui avoue en prendre... Peu cher et aisément disponible, le GBL a suscité en quelques jours beaucoup d'intérêt. Mais quels sont les dangers de ce solvant détourné en drogue ?

GBLUne fois ingéré, le GBL (gamma-butyrolactone) est dégradé dans l'organisme en GHB, bien connu comme étant la "drogue du violeur". Mais si le GHB est sous surveillance depuis 2000 et inscrit dans la Convention des Nations Unies sur les substances psychotropes depuis 2001, son précurseur reste aisément disponible.

 

Les effets du GBL similaires au GHB

Le GBL est une molécule chimique, contenue dans certains solvants industriels, destinés aux professionnels : il s'agit d'un produit très efficace pour nettoyer les jantes de voiture ou les peintures (en particulier les tags).

Mais le GBL, une fois ingéré, a un tout autre impact sur l'organisme : il est très vite métabolisé en GHB ou acide gamma-hydroxybutyrique. Le GHB a un double effet : d'abord euphorisant puis anesthésiant. Il était ainsi utilisé en médecine comme anesthésiant général avant d'être utilisé dans les années 1980 par les sportifs en tant qu'anabolisant.

Entre GBL et GHB, on note les mêmes effets : euphorie jusqu'au sommeil profond, détente, vertiges, pertes de mémoire, d'inhibitions ou plus grave encore, des pertes de conscience... Ces deux substances agissent très rapidement après l'absorption : 10 à 20 minutes suffisent pour observer les premiers effets. Ces derniers dépendent de la dose prise et de la personne, et augmentent lorsque l'alcool et/ou d'autres drogues sont associés. Dans les cas les plus graves, ces drogues peuvent provoquer un coma profond ou encore une insuffisance respiratoire, capables d'entraîner la mort. A Amsterdam en 2005, la part des demandes d'assistance médicale urgente requérant un transport à l'hôpital a été plus grande pour les cas liés au GHB/GBL qu'à d'autres drogues1.

Souvent associé à des agressions sexuelles, le GHB a été la cible de plusieurs campagnes de prévention. Mais ce n'est pas le cas du GBL, très facilement accessible...

 

Disponible et peu cher, le GBL

Peu de cas d'intoxications au GBL sont répertoriés par an, mais il semble que leur nombre augmente depuis 20001. De plus, ces cas pourraient être largement sous-estimés. En Angleterre, le service des urgences d'un hôpital londonien a recensé, en 2006, 158 cas d'intoxication au GHB et GBL. Si la plupart des patients déclaraient avoir consommé du GHB, les analyses ont montré que plus de la moitié étaient positifs au GBL2... Bien que portant sur un seul hôpital, cette étude pourrait suggérer que la consommation de GBL est plus courante qu'on le pense actuellement. Néanmoins, il est difficile de disposer des proportions d'intoxications ou de décès liés au GHB ou à ses précurseurs, tant ils sont rapidement éliminés par l'organisme.

Le GHB est sous surveillance depuis 2000 et inscrit dans la convention des Nations-Unies sur les substances psychotropes depuis 2001, ce qui a obligé tous les Etats membres de l'Union Européenne à contrôler cette drogue dans le cadre de leur législation. Cela a considérablement réduit le marché du GHB.

A contrario, le GBL reste très facilement accessible, dans des substances utilisées couramment et légalement dans de nombreux secteurs industriels et donc disponibles auprès de fournisseurs commerciaux. Sur Internet même, la disponibilité des produits contenant du GBL risque de le rendre facilement accessible aux trafiquants de drogue et aux toxicomanes, à des prix nettement inférieurs à ceux des produits illicites : le prix moyen d'une dose de 1 gramme de GBL achetée en gros en ligne oscille entre 0,09 et 2 euros1.

 

Vers une reconnaissance du GBL en tant que drogue

Afin de contourner la législation, les dealers et les utilisateurs ont donc recours au GBL, qui n'est pas encore contrôlé. Les autorités sanitaires de plusieurs pays craignent une augmentation de sa consommation et souhaitent contrôler la vente de certains solvants.

Interrogée par Doctissimo, la Mission Interministérielle de Lutte contre la Drogue et la Toxicomanie (MILDT) minimise le danger : "le GBL n'est pas un produit diffusé sur l'ensemble du territoire, ni à l'ensemble de la population. Il reste principalement utilisé par le milieu festif homosexuel". La proportion d'utilisateurs de GBL serait donc minime, même s'il n'existe aujourd'hui aucune étude nationale pour le confirmer.

Par ailleurs, la MILDT juge "la médiatisation du GBL à double tranchant, même s'il existe un réel besoin d'informer et de prévenir son usage et sa consommation". Elle concède de plus ne pas pouvoir conduire de programme de prévention, ni agir directement tant que le produit n'est pas officiellement considéré comme stupéfiant.

Dès 2006 pourtant, la Commission nationale des stupéfiants et psychotropes de l'Afssaps a proposé à la Direction Générale de la Santé (DGS) d'interdire la vente de GBL au public3. Une proposition aujourd'hui laissée sans suites...

L'Italie, la Suède ou encore la Lettonie ont choisi de contrôler le GBL en vertu de leur législation. Au niveau européen, le GBL et le 1,4-butanédiol (un autre précurseur du GHB) font tous deux partie de la liste des substances non contrôlées pour lesquelles les mesures de surveillance reposent sur le volontariat. Des projets antidrogues communautaires et nationaux, visant particulièrement les lieux de sortie nocturne, devraient être mis en place.

Aujourd'hui, une surveillance à l'échelle nationale a été mise en place par les autorités sanitaires, notamment par l'Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé (Afssaps). Parallèlement, le personnel des boîtes de nuit et des bars sont invités à  inciter leurs clients à ne pas en consommer et à faire attention à leurs verres. Certains proposent même des verres à couvercle, afin d'éviter qu'on y ajoute du GBL ou du GHB.

Publié dans santé

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